Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/403

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inférieure à l’éternité. Appelons z leur somme (x + y = z) ; eh bien, derrière z, il reste encore l’éternite. Étendez x et y autant qu’il vous plaira, multipliez-les tous les deux par les chiffres les plus immenses que vous puissiez imaginer ou écrire de votre écriture la plus serrée |227 sur une ligne longue comme la distance de la terre à l’étoile visible la plus éloignée ; vous agrandirez z dans la même proportion, mais quoi que vous fassiez pour l’agrandir, quelque immense qu’il devienne, il sera toujours moindre que l’éternité, il aura toujours derrière lui l’éternité.

Quelle est la conclusion à laquelle vous serez poussé ? Que, pendant une éternité, la matière universelle — cette matière dont l’action spontanée seule a pu créer, organiser les mondes, puisque nous avons vu disparaître le fantôme, le créateur et l’ordonnateur divin — est restée inerte, sans mouvement, sans développement préalable, sans action ; puis que, dans un moment donné et déterminé sans aucune raison, ni par personne en dehors d’elle, ni par elle-même, dans l’éternité, elle s’est mise tout à coup à se mouvoir, à se développer, à agir, sans qu’aucune cause, soit extérieure, soit intérieure, l’y ait poussée ? C’est une absurdité aussi évidente que celle d’un Dieu créateur. Mais vous êtes forcé d’accepter cette absurdité, lorsque vous supposez que l’organisation des mondes dans l’Univers eut un commencement déterminé quelconque, quelque immensément éloigné que ce commence-