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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/217

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moi, nous avons l’intention de passer cet été en Suisse, non pas précisément à Genève, mais dans les environs, dans quoique petite pension de famille qui ne soit pas trop chère. J’imagine que la vie à Genève même est très coûteuse et, d’autre part, que le voisinage de nombreux Russes, ces émancipés oisifs et vaniteusement bavards, y rend la résidence tout-à-fait insupportable.

Je me suis fait à l’indépendance occidentale et suis las de ce communisme importun. J’espère donc que nous serons voisins durant tout l’été, et qu’après un silence prolongé de côté et d’autre, nous aurons, enfin, le temps et la possibilité matérielle de discuter sur différents sujets. Aussi, une quantité de matière s’est-elle accumulée pendant cet intervalle, qui mérite d’être examinée. Seulement, mes amis, laissez-donc cette idée absurde que je suis gagné à la franc-maçonnerie. Peut-être, encore, la franc-maçonnerie pourrait-elle me servir de masque ou de passeport, mais pour y chercher de l’occupation sérieuse, cela serait, au moins, tout aussi puéril que de chercher la consolation dans le vin.

Je ne voulais pas, Herzen, essayer de t’en désabuser, étant à Londres, car je n’étais pas à même de répondre à d’autres questions que tu pourrais me poser. J’ai ce droit à présent et il ne peut plus être question entre nous de la franc-maçonnerie. Quant à l’offre que tu me fais de collaborer à la Cloche, je l’accepte avec bonheur et avec reconnaissance ; laisse-moi seulement le temps de venir chez vous, j’ai pris la résolution de ne rien publier jusque-là. En premier lieu, parce que je ne voudrais pas attirer l’attention sur moi, vu mes occupations présentes ; en deuxième lieu, avant que je me sois décidé de me