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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/310

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matin encore sur ses instances dans la lettre, que je viens de recevoir, j’ai dû faire à la hâte un article sur la courtoisie policière avec laquelle les puissances étrangères se mettent au service du gouvernement russe, pour rechercher les prétendus brigands, voleurs et faussaires de billets de banque. Il faut que d’un commun accord, vous apportiez quelques corrections à cet article et que vous l’envoyiez à Robin par l’intermédiaire de Perron, qui, alors, prendra soin de le placer. Mais ce seul article ne suffit pas encore. L’état actuel des choses en Russie et surtout la situation des réfugiés russes en Europe, nous impose le devoir, — et cela sans perdre un moment, — de faire tous nos efforts pour gagner l’opinion publique, car nous tous, sommes exposés à être extradés au gouvernement russe comme les pires des voleurs et des assassins. Songe que, sans cela déjà, nous ne sommes pas en odeur de sainteté dans l’opinion du public bourgeois, qui nous soupçonne et qui a pour nous, en tant que socialistes, une haine particulière. Si nous nous renfermons plus longtemps dans notre mutisme, ce public prêtera volontiers foi à ce qu’on lui insinue et se laissera persuader qu’il a affaire à de véritables assassins, faux monnayeurs et voleurs ; les gouvernements des puissances étrangères auront donc toute facilité de nous extrader à ce titre, à la Russie. Déjà, dans l’affaire de la princesse Obolenski le silence que notre émigration se plut à faire autour d’elle fut une grande gaffe dont toute la responsabilité retombe, d’ailleurs, sur cet importun blanc-bec d’Outine. Nous ne devons pas nous laisser surprendre une seconde fois. C’est pourquoi, je vous fais la proposition de constituer officiellement un bureau d’informations, qui aura pour but de propager dans