Aller au contenu

Page:Bally - Le Langage et la Vie, 1913.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusque dans les couches les plus basses de la population — dans celles-là surtout.

À aucun moment il ne s’agirait d’une étude des formes linguistiques envisagées en elles-mêmes, mais en rapport avec la pensée spontanée, dans toutes les circonstances où les sujets parlants ne songent pas à la manière dont ils parlent.

On a l’habitude de mépriser ces choses parce que, en les étudiant, on évite difficilement la langue populaire et l’argot. Mais songez aux patois : si l’on avait demandé à un savant, il y a cent ans, de faire la monographie du dialecte de sa région, il aurait haussé les épaules. Cependant, aujourd’hui, les patois sont étudiés avec passion et rendent des services importants à la linguistique. Les enquêtes auxquelles ils donnent lieu pourraient nous servir de modèles, pourvu que l’on évite une faute de méthode à laquelle elles pourraient conduire. Les recherches dialectales ont pris pour point de départ les sons, la prononciation ; ce que l’on désirait avant tout, c’était étudier sur le vif le jeu des lois phonétiques. Peu à peu seulement on a compris que les patois pourraient éclairer d’autres domaines de la linguistique ; mais on est resté peut-être trop attaché au point de départ, en