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Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/148

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à lui confier le travail dont il a jusqu’ici refusé de se charger.

Au sujet de l’explication que je vous conseillais d’avoir avec lui, je puis dire que votre tâche s’est singulièrement simplifiée. Je ne vous vois tenu à entrer dans aucun des détails qui pourraient être pour vous trop douloureux. Madame de l’Estorade à laquelle j’ai parlé du rôle de médiatrice dont j’avais eu l’idée pour elle, accepte ce rôle très-volontiers, et elle se fait fort, en une demi-heure de conversation, de dissiper tous les nuages qui peuvent exister de vous à votre ami.

Pendant que je vous écrivais cette longue lettre, j’avais envoyé prendre de ses nouvelles ; on me les rapporte aussi bonnes que possible, et les médecins, à moins d’accidents extraordinaires et tout à fait imprévus, n’ont pas la moindre inquiétude sur son état. Il paraît d’ailleurs qu’il est l’objet d’un intérêt général, car, selon l’expression de mon domestique : On fait queue pour s’inscrire chez lui. Il faut dire aussi que monsieur de Rhétoré n’est pas aimé. Il a beaucoup de raideur avec très-peu d’esprit. Quelle différence avec celle que nous avons tous dans nos plus chers souvenirs ! Elle était simple et bonne, sans jamais déroger, et rien n’était comparable aux aimables qualités de son cœur, si ce n’est les grâces de son esprit.


CHAPITRE IV

LA COMTESSE RENÉE DE L’ESTORADE À MADAME OCTAVE DE CAMPS


Paris, février 1839.

Rien de mieux vu que tout ce que vous m’écrivez, chère madame ; ce qui était en effet très-probable, c’est qu’à la prochaine rencontre, mon fâcheux ne marchanderait pas à m’aborder. Son héroïsme lui en donnait le droit et la plus simple politesse lui en faisait un devoir. Sous peine d’être