Aller au contenu

Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vices et vertus ? Sous ce rapport, sans être M. Ballanche, Perrault aurait, à son insu, fait un mythe dans la Belle au bois dormant. Admirable privilège des hommes dont le génie est tout naïveté ! Les œuvres sont des diamants taillés à facettes, qui réfléchissent et font rayonner les idées de toutes les époques. Lautour-Mézeray, homme d’esprit, qui sait mieux que personne traire la pensée, n’a-t-il pas découvert dans le Chat botté le mythe de l’Annonce, celle des puissances modernes qui escompte ce dont il est impossible de trouver la valeur à la Banque de France, c’est-à-dire tout ce qu’il y a d’esprit dans le public le plus niais du monde, tout ce qu’il y a de crédulité dans l’époque la plus incrédule, tout ce qu’il y a de sympathie dans les entrailles du siècle le plus égoïste ?

Or, dans un temps où, par chaque matin, il se lève un nombre incommensurable de cerveaux affamés d’idées, parce qu’ils savent peser ce qu’il y a d’argent dans une idée, et pressés d’aller à la chasse aux idées, parce que chaque nouvelle circonstance sublunaire crée une idée qui lui est propre ; n’y a-t-il pas un peu de mérite à trouver à Paris, sur un terrain si bien battu, quelque gangue dont se puisse extraire encore une paillette d’or ?

Ceci est prétentieux ; mais pardonnez à l’au-