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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/121

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teur son orgueil : faites mieux, avouez qu’il est légitime. N’est-il pas réellement bien extraordinaire de voir que, depuis le temps où l’homme marche, personne ne se soit demandé pourquoi il marche, comment il marche, s’il marche, s’il peut mieux marcher, ce qu’il fait en marchant, s’il n’y aurait pas moyen d’imposer, de changer, d’analyser sa marche : questions qui tiennent à tous les systèmes philosophiques, psychologiques et politiques dont s’est occupé le monde ?

Eh quoi ! feu M. Mariette, de l’Académie des sciences, a calculé la quantité d’eau qui passait, par chaque minime division du temps, sous chacune des arches du pont Royal, en observant les différences introduites par la lenteur des eaux, par l’ouverture de l’arche, par les variations atmosphériques des saisons ! et il n’est entré dans la tête d’aucun savant de rechercher, de mesurer, de peser, d’analyser, de formuler, le binôme aidant, quelle quantité fluide l’homme, par une marche plus ou moins rapide, pouvait perdre ou économiser de force, de vie, d’action, de je ne sais quoi que nous dépensons en haine, en amour, en conversation et en digression !…

Hélas ! une foule d’hommes, tous distingués par l’ampleur de la boîte cérébrale et par la lourdeur, par les circonvolutions de leur cervelle ; des mécaniciens, des géomètres enfin ont déduit