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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/141

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pistolet lancée au bord de la Méditerranée cause un mouvement qui se fait sentir jusque sur les côtes de Chine, n’est-il pas probable que, si nous projetons en dehors de nous un luxe de force, nous devons, ou changer autour de nous les conditions de l’atmosphère, ou nécessairement influer, par les effets de cette force vive qui veut sa place, sur les êtres et les choses dont nous sommes entourés ?

Que jette donc en l’air l’artiste qui se secoue les bras, après l’enfantement d’une noble pensée qui l’a tenu longtemps immobile ? Où va cette force dissipée par la femme nerveuse qui fait craquer les délicates et puissantes articulations de son cou, qui se tord les mains, en les agitant, après avoir vainement attendu ce qu’elle n’aime pas à trop attendre ?

Enfin, de quoi mourut le fort de la Halle qui, sur le port, dans un défi d’ivresse, leva une pièce de vin ; puis qui, gracieusement ouvert, sondé, déchiqueté brin à brin par messieurs de l’Hôtel-Dieu, a complètement frustré leur science, filouté leur scapel, trompé leur curiosité, en ne laissant apercevoir la moindre lésion, ni dans ses muscles, ni dans ses organes, ni dans ses fibres, ni dans son cerveau ? Pour la première fois peut-être, M. Dupuytren, qui sait toujours pourquoi la mort est venue, s’est demandé