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Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/142

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pourquoi la vie était absente de ce corps. La cruche s’était vidée.

Alors, il me fut prouvé que l’homme occupé à scier du marbre n’était pas bête de naissance, mais bête parce qu’il sciait du marbre. Il fait passer sa vie dans le mouvement des bras, comme le poète fait passer la sienne dans le mouvement du cerveau. Tout mouvement a ses lois. Kepler, Newton, Laplace et Legendre sont tout entiers dans cet axiome. Pourquoi donc la science a-t-elle dédaigné de rechercher les lois d’un mouvement qui transporte à son gré la vie dans telle ou telle portion du mécanisme humain, et qui peut également la projeter en dehors de l’homme ?

Alors, il me fut prouvé que les chercheurs d’autographes, et ceux qui prétendent juger le caractère des hommes sur leur écriture, étaient des gens supérieurs.

Ici, ma Théorie de la démarche acquérait des proportions si discordantes avec le peu de place que j’occupe dans le grand râtelier d’où mes illustres camarades du XIXe siècle tirent leur provende, que je laissai là cette grande idée, comme un homme effrayé d’apercevoir un gouffre. J’entrais dans le second âge de la pensée.

Néanmoins, je fus si curieusement affriandé par la vue de cet abîme, que, de temps en temps,