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Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/109

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La Liberté, confuse,
Effeuillait un laurier !
Français, pleurez la muse
Du pauvre chansonnier !

Ô toi que l’on immole,
Cherche à travers tes pleurs,
Peuple, qui te console
En tes jours de malheurs.
On lisait ton excuse
Aux murs de son grenier !…
Français, pleurez la muse
Du pauvre chansonnier !

Héros de la Belgique,
Courageux Polonais,
Qui de sa voix magique
Attendiez les bienfaits,
Dupin vous désabuse ;
Il est son héritier.
Français, pleurez la muse
Du pauvre chansonnier !

II

LE LIVRE DE JOB[1].

En la terre de Hus vivait un très-saint homme,
De la diphthongue Job l’Écriture le nomme.
Il s’écartait du mal par crainte du Seigneur,
Et n’allait point au vice, étant simple de cœur.
Pourtant il eut bientôt une grande famille ;
Trois fois madame Job accoucha d’une fille,
Mais Job, y prenant garde, eut après sept garçons.
Trois fois mille chameaux et sept mille moutons
Paissaient avec des bœufs, dont le millier indique
Que Job avait encore un nombreux domestique,
Dont par deux mots la Bible évite le détail,
Donnant, comme toujours, préséance au bétail.
Veuves de leurs époux, plus de cinq cents ânesses,
Par leur lait pectoral augmentaient ses richesses,
Ou le rendaient dispos pour peu qu’il en eût bu.

  1. Version conçue d’une manière peu biblique.