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Page:Balzac Histoire des oeuvres 1879.djvu/372

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VII. Comment on paye ses dettes quand on a du génie, par Charles Baudelaire. Écho des Théâtres, 25 août 1846.

VIII. M. H. de Balzac, par C. Hippolyte Castille. La Semaine, 4 octobre 1846. Nous reproduisons ce remarquable article, auquel Balzac a répondu. (Voir tome XXII, page 361).

À dater de ce jour, la Semaine commence une ère nouvelle : en même temps qu’elle met en usage les coquetteries d’une gravure plus correcte et d’une distribution plus lumineuse, elle imprime à sa rédaction un nouvel essor. Chaque ordre d’idées va prendre sa place, son étendue, sa portée. Dans cette réorganisation, fruit d’une année d’expériences, la critique ne pouvait pas être oubliée : nous lui rendons aujourd’hui le rang et l’importance qu’elle doit occuper dans le domaine de la littérature.

Notre article hebdomadaire explorera désormais un plus vaste champ que les productions éphémères que chaque matin voit éclore. Ainsi, nous nous efforcerons de faire, de temps à autre, connaître à nos lecteurs l’état actuel du roman, non seulement en France, mais encore en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Italie. Et pour cela nous prendrons corps à corps tous les grands maîtres du genre ; nous analyserons leurs procédés artistiques, leurs tendances morales, leurs institutions politiques. Qu’on n’aille pourtant pas, d’après cet exposé, nous prendre pour un iconoclaste qui se rue dans le temple, le marteau à la main ; nous respecterons les idoles, mais nous tâcherons d’éclairer le culte, d’indiquer ce qu’il est bon d’honorer ou de réprouver, en n’oubliant jamais que, pour être bonne à quelque chose, la critique doit respirer une intime bienveillance, et ne jamais sécréter le fiel de la satire.

Parmi les sept ou huit romanciers français actuellement à la mode, les plus sérieux sont, de l’avis général, Balzac et George Sand. Nous ne nous occuperons aujourd’hui que du premier de ces écrivains et nous l’étudierons avec le recueillement dont son œuvre est vraiment digne.

En considérant les détails de la Comédie humaine, vaste palais auquel il manque encore tant de colonnes et d’arceaux, on conserve deux impressions bien distinctes : la première est une profonde admiration pour l’artiste qui fouille d’une main si ferme et si intelligente ces bas-reliefs du cœur humain, les passions. La seconde, hélas ! il faut bien le dire, n’est qu’une immense tristesse mêlée de mépris pour cette humanité dont un ciseau impitoyable vient de sculpter les difformités morales. De ce mépris naît je ne sais quel dégoût de la vie qui vous domine durant plusieurs jours. Après avoir lu la Peau de chagrin, le Grand homme de province à Paris ou le Père Goriot, il est arrivé à plus d’un lettré de fermer ses rideaux pour ne plus voir le soleil. — Un roman de M. de Balzac me fait l’effet d’un fruit magnifique et tentateur ; quiconque y mord en garde longtemps l’amertume à la lèvre. — Je défends sérieusement Balzac aux hypocondriaques.

Et pourtant, me direz-vous, il y a des consolations dans la Comédie humaine.