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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/102

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Comme le grand aïeul Pindare,
Dont les vers s’envolaient, parmi la nue épars,
Je veux unir le chant à la cithare
Pour vous mieux célébrer, conductrices des chars.
C’est dans l’Hippodrome excentrique
Baigné de lumière électrique
Et sous les yeux du grand Paris,
Amoureux, comme on sait, des Victoires ailées,
Que l’orgueil de gagner le prix
Vous fait combattre, ainsi que des Penthésilées.

Au bruit furieux des orchestres,
L’effort gonfle vos bras instruits aux durs travaux.
Tout vous enivre, en ces luttes équestres,
Et votre voix farouche anime les chevaux.
Vous les excitez, ô guerrières,
Par des cris et par des prières.
Nous voyons frémir dans l’air bleu
Leurs naseaux que le vent sèche de ses brûlures,
Et le souffle effrayant d’un dieu
Tord, comme un ouragan sacré, leurs chevelures.