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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/144

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Mais, en ce temps, où la Musique
A dénoué tes bras d’acier
Avec son ivresse physique,
Ton plus cher amant fut Darcier !

Comme dans les bois un satyre
Prend une nymphe au cou nerveux
En riant de son doux martyre,
Et l’empoigne par les cheveux ;

Comme il la tient d’une main ferme,
En appuyant un dur genou
Sur sa jambe nue, et lui ferme
La bouche, avec un baiser fou ;

Ô déesse, toujours éprise
De la large coupe où tu bois,
Chanson ! c’est ainsi qu’il t’a prise
Dans le doux silence des bois.