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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/179

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Elle avait la douceur d’un ange qui médite.
Alors Jésus lui prit la main et dit : Petite
Fille, lève-toi. Comme un astre, tu le vis,
Ô Père, le regard de ses grands yeux ravis
Se réveilla ; pareil à l’oiseau qui se pose,
Un sourire courut sur sa lèvre de rose ;
Ses bras et ses pieds nus étaient pâles encor
Tandis que son beau front dans la lumière d’or
Frissonnait, comme un lys où la clarté se joue ;
Une aube rougissait, tremblante, sur sa joue ;
Et toi, qui n’avais pas gardé l’espoir en vain,
Pâle, tu bénissais le voyageur divin,
Celui dont la pitié pour ceux que nous aimâmes
Nous rend un jour leur voix, leurs yeux, leurs bras, leurs âmes,
Et qui, voyant ta peine amère et ton tourment,
T’avait dit : Ne crains rien, père, crois seulement !


Paris, le lundi 15 mai 1876.