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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/59

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Où flottent les clartés des blêmes Orients,
Agitent dans l’éther leurs glaives effrayants.
Cependant, ô Sauveur, tu veux bien nous sourire ;
Ton nom, que les soleils sont orgueilleux d’écrire
Et qui fait resplendir les Tyrs et les Sions,
Ô Jésus ! tu veux bien que nous le prononcions,
Et que nous puissions voir, quand son aile te touche,
Le rayon pur qui met sa clarté sur ta bouche.
Ainsi sœur Séraphine, immobile et rêvant,
Répand toute son âme aux pieds du Dieu vivant,
Et la laisse courir vers lui, dans son extase,
Comme un flot de parfum qui ruisselle d’un vase.
Toujours glorifiant, exempte de remord,
Le doux Enfant, vainqueur du Mal et de la Mort,
Elle prie, et ne peut sortir de la chapelle
Où son petit Jésus très doucement l’appelle.
Parfois les sœurs, voyant ses yeux vers lui tournés,
La grondent sans colère, et lui disent : Venez,
Ma sœur, il faut songer à vos petites filles.
Aimez l’Époux céleste à l’ombre de ces grilles ;
Mais quoi ! ce bon Pasteur, dont la main nous défend,
Jésus n’a pas toujours été petit enfant.
Ma sœur, pour adoucir notre destin sévère,
Lui-même il a porté sa croix sur le Calvaire,