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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/98

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Et, vos fronts couronnés de fleurs que rien ne fane,
Laissant la platitude au menteur exécré,
Muse d’Eschyle, et toi, muse d’Aristophane,
Souvenez-vous de mordre à mon raisin sacré.

Toi, redis-nous les Rois et leur destin funeste,
La pâle Phèdre en proie à ses tristes aveux,
Argos et le festin horrible de Thyeste
Et les malheurs venus d’Hélène aux beaux cheveux.

Fais revivre pour nous la grande Histoire amère,
Dis-nous Hector, pareil au fougueux aquilon,
Oreste en pleurs, fuyant les Chiennes de sa mère,
Et Cassandre criant : Apollon ! Apollon !

Et toi, ma préférée, ô folle Comédie,
Montre ton rire en fleur, pareil au lys éclos !
Que ton regard s’allume, ainsi qu’un incendie :
Fais tintinnabuler tes grappes de grelots !