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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/97

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Puis, comme dans la mer, dont les chevaux hennissent
Quand la vague tressaille avec un bruit vainqueur,
À la voix du chanteur les autres voix s’unissent,
Pareilles aux rumeurs des flots, — et c’est le Chœur !

Et c’est la Tragédie et c’est la Comédie,
Avec les longs sanglots et les rires vengeurs,
Qui ravissent les cieux de leur chanson hardie,
Et qui naissent ainsi parmi les vendangeurs.

Ô mes filles, gardez vos fronts tachés de lie,
Sous la pourpre héroïque et sous le péplos blanc !
Ô Melpomène, et toi, vendangeuse Thalie,
Buvez toujours le flot généreux de mon sang.

Ô chanteuses, gardez toujours l’antique ivresse,
Et n’oubliez jamais votre berceau natal.
Toi, la dominatrice, et toi, la charmeresse,
Soûlez-vous de ce vin qu’on nomme l’Idéal !