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Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/161

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NOUS TOUS.


Comme Marguerite, en sa fièvre,
Sentait son regret la brûler,
Et de sa pâlissante lèvre
Son souffle prêt à s’exhaler,

Ouvrant une aile colossale,
Comme un hôte mystérieux
L’Ouragan entra dans la salle,
Avec ses souffles furieux.

Et comme la fille charmante,
Victorieuse du remord,
Semblait dire : Je suis l’Amante
Et la douce Vie et la Mort ;

Courbant et prenant pour jouet
Les éclairs du lustre et les flammes,
Comme un Mercure sous son fouet
Courbe le vain troupeau des Âmes,

L’Ouragan dit : Voix assassine,
Je suis l’orage essentiel
Et l’haleine qui déracine
Les grands chênes, voisins du ciel.