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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/147

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puissance que les passions collaient toujours à son front méduséen. Ses narines étaient dilatées et ses petits pieds battaient la terre, de manière à réveiller, jusqu’au plus profond de sa tombe, l’orgueil de sa mère, la duchesse de Cadaval Aveïro.

Ainsi Ryno n’échappait à aucune des variétés et des précisions du souvenir. Il la reconnaissait tout entière. Le temps la lui rejetait comme il la lui avait prise. Il n’y avait qu’un instant, c’était Vellini ennuyée et ardente, ce n’était qu’une fibre de Vellini. Maintenant, c’était l’autre ! C’était la Vellini si longtemps appelée son ouragan, sa violente, et dont les absurdes colères lui plaisaient, tout en l’atteignant de leur contagion impétueuse. Ah ! la vie passée, la vie passée ne s’en revient jamais écumer vainement autour de nous !

Elle vit bien avec ce coup d’œil de la femme qui a tordu un cœur dans ses mains et qui en connaît toutes les faiblesses, qu’elle troublait le cœur de Ryno, et sa colère mourut dans sa joie.

— « Ah ! te revoilà, Ryno, — cria-t-elle, — te revoilà ! Je t’ai retrouvé ! Voilà ton air d’autrefois, quand ta Vellini s’emportait et que tu la prenais dans tes bras pour l’apaiser. Prends-la donc ! Apaise-la ! Tiens ! — ajoutait-elle avec un sourire adorable, — je suis déjà tout apai-