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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/332

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autour de la divine femme que vous m’avez donnée et nous marier une seconde fois. Avec votre imposante connaissance de la vie, avec cette sagesse indulgente et comprenante qu’on aime et qu’on respecte en vous, vous expliquerez à votre Hermangarde ces contradictions de l’âme d’un homme qui aime et qui a manqué de fidélité dans l’amour. Elle vous croira, vous ! Moi, elle ne me croirait pas. S’il y a un pardon et une amnistie pour de telles fautes, ce pardon et cette amnistie couleront de son cœur dans le mien à votre parole. Il est impossible que tout soit brisé entre nous ! entre deux êtres qui n’ont pas cessé un seul instant de s’aimer ! Ah ! si vous saviez comme le sentiment de mes torts envers elle a redoublé la force de mon amour ! Si vous saviez comme l’admiration pour cette femme, qui cache une affection blessée sous une froideur éloquente, s’est jointe à cette adoration que vous avez vue naître, et qui n’a jamais défailli dans mon cœur ! Si vous voyiez cela comme je le sens, vous auriez encore de l’espoir… La peine que je vous cause aujourd’hui serait diminuée. Vous vous diriez que le meilleur de Ryno est resté tout à votre fille, malgré l’entraînement des souvenirs, et vous dicteriez à Hermangarde un pardon qui rappellerait la félicité des jours passés et qui la rendrait plus touchante !