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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/353

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passait à d’autres exercices et frottait perpétuellement un petit buffet en noyer et la vaisselle et les tasses anglaises qui le chargeaient, afin, disait-elle, de leur donner un reluisant qui engageât les pratiques à boire et à manger chez elle. Aux deux angles de cette pièce, qui composait, avec la grange cédée, comme on l’a vu, à la señora Vellini, tout le logement des Bas-Hamet, il y avait deux alcôves, l’une en serge verte, pour les deux filles, qui couchaient sororalement ensemble ; l’autre, pour le père et la mère, en serge bleue, avec un galon jaune et des glands. C’était le lit de leur mariage. C’était sous son ciel un peu passé que cette lune de miel, dont l’humeur acariâtre de Charline avait fait souvent une lune rousse, s’était levée et couchée, il y avait bien vingt-huit ans. Une fenêtre étroite, au bout de la table, éclairait cet intérieur, avec une porte basse qui donnait sur un petit jardin potager, et une plus grande qui s’ouvrait sur la grève. Celle-ci — selon la coutume normande — ne se fermait jamais qu’à la nuit et encore au loquet, comme au bon temps du duc Rollon.

— « Bonjour, la compagnie ! — firent nos deux amis en entrant, et ils allèrent s’asseoir sur la bancelle[1] qui entourait la table et dans

  1. Bancelle, — petit banc.