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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/361

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jeune fille, et l’avait entendue lui souffler ses superstitions.

— « Eh bien, après ? — dit la Charline, qui mit ses deux poings sur ses flancs évidés et secs, et qui vola tout à coup au secours de sa pauvre fille confondue, — quéqu’ça vous regarde, vieux endurci, les bagues de Bonine et ses amoureux ? Votre abominable langue en veut donc à tout le monde, ce soir, vieux bottier du diable, dont les paroles malavisées feraient tourner et pourrir le poisson sur la paille de son panier ! Qué qu’ça vous regarde, je vous le demande, la conduite de la Mauricaude ? Vous devait-elle quelque chose qu’elle ne vous a pas payé, pour que vous en disiez les horreurs de la vie ? Et ne v’là-t-il pas une fameuse garantie des débordements d’une femme qui vaut mieux à l’ongle de son petit daigt[1] que vous à tout votre vilain corps, que la langue de pierre-à-couteau d’un bavard comme vous, et pour mettre le beconage à prix[2] à même la réputation de toutes les honnêtes femmes, depuis Carteret jusqu’à Portbail ! »

  1. Pour doigt.
  2. Mettre le béconage à prix, — mettre à prix l’action de se servir du bec, probablement. Tout ce dont l’auteur répond, c’est qu’une pareille locution est employée dans les basses classes de Normandie.