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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/61

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Quoiqu’il fût dévoué à la comtesse et qu’il l’aimât à sa façon, très peu exaltée, il est vrai, mais fidèle, il trouvait pourtant agréable de se moquer parfois de sa bonne amie, quand elle lui paraissait inconséquente ou entraînée. Ces petites révoltes lui faisaient du bien. Elles l’arrachaient de temps à autre au double ilotisme de la soumission et de l’habitude. C’était un regain de caractère. Un peu de l’homme repoussait sous le sigisbée. Dans l’occurrence actuelle, ce fut une raison de plus pour écrire. Il répondit courrier par courrier. Il y sacrifia même une soirée, car il n’écrivait pas beaucoup plus facilement qu’il ne parlait. Il avait peine à se dépêtrer de ses pensées, et l’abondance pas plus que la netteté n’était le signe caractéristique de son génie. La douairière de Vandœuvre, sa d’Artelles II, se passa de lui, pour ce soir-là, et l’attendit vainement, Ariane nouvelle, en face de son tric-trac solitaire.

Sa lettre, moins interrompue, moins hachée que sa parole, fut aussi moins confuse que sa conversation, ce modèle d’illogisme, d’incohérences et de difficultés toujours victorieuses. Malgré l’agréable semis de manière que… qui l’ornait d’ordinaire, le trait n’y manquait pas, mais il était noyé dans les flots troubles d’une albumineuse verbosité. Les jours qu’elle était bienveillante, et pour ne pas sortir d’un ordre de