Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faits cher au vicomte, la marquise de Flers comparait sa conversation à des œufs brouillés aux pointes d’asperges. Les pointes d’asperges étaient les épigrammes, quelquefois assez salées, dont il assaisonnait ses discours.

Voici la lettre du vicomte Chastenay de Prosny à la comtesse :


Paris, 17 Octobre 18… rue Louis-le-Grand, 5.

« Je n’ai jamais douté, ma chère comtesse, de l’excellence de tous vos mérites. J’ai toujours humblement pensé, comme il convenait, qu’ils étaient de beaucoup supérieurs aux miens. En ai-je d’autres que les bonnes grâces de votre amitié ? C’est fort douteux, ou plutôt, non ! ce ne l’est pas. Je connais mes vices. Autrefois, je ne les trouvais pas assez nombreux, et maintenant, si peu qu’ils me soient restés, c’est toujours trop. La paresse en est un, c’est vrai. Quant à la goutte, c’est bien pis qu’un vice : c’est une maladie. Vous avez deviné et pardonné les deux causes de mon long silence ; vous m’avez accordé, avec votre bonté infaillible, ces indulgences plénières qu’on obtient d’autant mieux qu’on en est plus indigne, car pour qui sont-elles faites, sinon pour les pécheurs ?

« Je baise donc, en signe de pardon et de