Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serais reproché d’offrir à qui que ce soit, parmi vos connaissances ou vos amies, le temps que je passais chez vous. Il faut bien que je vous le déclare, puisque vous me forcez à vous montrer toutes les délicatesses de mon âme ; puisque vos soupçons violent ma pudeur. Savez-vous bien ce que j’ai fait pour ne le donner à personne, ce temps qui vous était consacré ? Je l’ai offert à tout le monde, c’est-à-dire que je l’ai passé régulièrement à mon cercle de la rue de Grammont. On y joue mieux et plus cher le tric-trac que chez la douairière de Vandœuvre, et on y sait mieux la chronique des salons de Paris que partout ailleurs.

« C’est là, ma chère comtesse, que j’en ai entendu dire de belles et de toutes les couleurs, sur le mariage qui fait votre édification maintenant, après avoir fait si longtemps votre scandale. Comment ! comment ! comment !!! C’est bien vous, vous ! comtesse d’Artelles, qui m’écrivez ce que je lis là ? C’est bien vous qui croyez si fort au céladonisme conjugal de M. de Marigny ? C’est bien vous qui vous attendrissez sur l’immense bonheur de mademoiselle de Polastron, devenue madame de Marigny, sans titre, et qui m’en écrivez en prose comme on en pourrait écrire en vers ? Eh ! mon Dieu ! quelle bise a soufflé tout à coup sur votre falaise de Carteret, pour faire tourner ainsi, comme un moulin à