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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/82

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Vellini est très menaçante pour la délicate chose, plus rare encore que belle et plus fragile que tout, que vous appelez le bonheur permis du mariage. Est-ce son petit corps qui est sorcier ou bien son âme ? Si vous la connaissiez comme moi, vous croiriez aussi qu’elle a quelque secret, je ne sais où, dans sa personne, pour faire revenir à elle un homme. Je vous entends vous écrier que c’est fort laid, ce que j’ose vous écrire là. Mais que voulez-vous, madame la comtesse ? ce n’est pas ma faute, à moi, si on n’élève pas ses filles pour lutter avec de vieilles maîtresses qui ont toute honte bue, mais qui, à ce prix, font boire aux hommes toutes sortes de choses dont le goût ne se perd jamais. La belle madame de Marigny, avec sa beauté surhumaine, donnera à son mari, le même bonheur que vous avez donné au vôtre ; que cette charmante rose-thé, maintenant flétrie, madame de Mendoze, a donnée Marigny, — qui l’a quittée, et pour revenir à cette Vellini dont il est question. Ce sera toujours la même antienne. Vous appelez cela le bonheur des Anges. Très bien ! Mais les amoureux s’en fatiguent comme un musicien qui serait condamné à jouer toute une partition sur une corde unique. Vous avouerez que cela finirait par être ennuyeux pour le musicien. Aussi, qu’arrive-t-il ? On trouve bientôt parfaitement