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Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/83

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gauche ce qu’on avait trouvé si pur. Et la Fidélité après la possession (je ne parle point de l’autre, dont j’ai été l’exemple à vos pieds) continue d’être, parmi les femmes comme il faut, un fabuleux prodige qu’on n’a jamais vu, tandis qu’ailleurs il existe, à l’état de monstruosité, il est vrai, mais enfin de monstruosité réelle et vivante, avec une alcôve pour bocal !

« Et maintenant, pardon, mille fois pardon, chère amie, pour mes prophéties contre un bonheur qui vous intéresse. Dieu est certainement Dieu, malgré les philosophes qui le niaient dans ma jeunesse, et je ne suis pas son prophète. Je puis donc fort bien me tromper et souper à merveille après, comme je l’ai fait hier, par parenthèse, chez le chevalier de Falnat, un ami de ce pauvre Daigrefeuille. Quant à mes opinions sur les vieilles maîtresses et les jeunes mariées, pendant que je les écrivais je vous voyais d’ici, à Carteret, prendre ce grand air qui vous a toujours réussi quand j’ai eu le malheur de vous déplaire, et je vous entendais me dire : « Taisez-vous, monsieur de Prosny ! » Je me tais donc tout court, ma chère comtesse, et je n’allonge cette lettre, déjà trop longue, que de mes respects les plus tendres. Vous savez s’ils le sont !

« Éloi de Bourlande-Chastenay,
vicomte de Prosny »