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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/129

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cru déshonoré s’il avait touché de ses blanches mains ridées à un instrument de chirurgie. Aussi n’avait-il pas été appelé au Quesnay lors de la chute de Néel.

C’était un homme de taille moyenne et de geste vif, qui ressemblait à un portrait de bonbonnière un peu effacé par le temps. Il avait sur les beaux plans de ses joues blanches de petits réseaux d’un vermillon pâli qui disaient bien que dans sa jeunesse il devait avoir ce beau teint cher à nos grand’mères, et il l’adoucissait encore par la poudre qui tombait en frimas odorants sur le col de son habit et emplissait jusqu’à la patte d’oie qui bridait ses yeux bleus et fins.

Attestant son temps par son costume, il portait la culotte défunte du dix-huitième siècle, à boucles de strass aux jarretières, et des bas de soie chinés, par-dessus lesquels il mettait des bottes à revers, couleur ventre-de-biche ou pistache, selon le temps… ou l’idée ! Il avait gardé, quand il était à pied, la canne à pomme d’or, de tradition depuis Fagon jusqu’à Vicq-d’Azyr, son ami et son compatriote. Enfin il se servait de la boîte d’écaille pleine de pastilles, et il était une des trois queues de la contrée qui apparaissaient hardiment encore à l’horizon, par-dessus les flots envahissants de la titus, alors victorieuse !