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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/130

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On l’avait vu pendant la Révolution sacrifier ses chères ailes de pigeon, par dégoût assez légitime des ciseaux que messieurs les Bonnets Rouges, dans leurs jours de plaisanterie, mettaient au bout de leurs bâtons en guise de piques, et qui leur servaient à touzer les aristocrates (style du temps). « Puisque c’étaient des ailes de pigeon, — disait-il en riant, — elles pouvaient bien s’envoler, surtout quand on plumait tant l’innocence ; » mais sa queue, il y avait tenu !… Ce n’était ni la longue et majestueuse queue militaire du vicomte Éphrem, ni le plantureux catogan de Vigo. C’était une petite queue vipérine très mince, très serrée et très courte et qui, toujours prise entre la tête poudrée du docteur et le collet de son habit, avait l’air de se moquer par-derrière de ce qu’il disait par-devant.

Justement, il était encore là, mais il allait en partir, le docteur, quand l’abbé Méautis entra dans le salon du Quesnay. Il l’y trouva prescrivant des applications de valériane et de musc, et essuyant avec le mouchoir de la jeune fille les grosses larmes qui commençaient de pleuvoir de ses yeux fermés à travers ses cils d’or, et qui s’en allaient ruisselant sur ses joues inanimées, — si lisses qu’elles ne les gardaient pas !

— Est-ce la fin de cette malheureuse crise,