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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/134

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quel jour ?), en tirera un parti superbe et enfin que nous sommes (nous les d’Ayre, mais non les Marmion !) des ânes bâtés et sanglés, qui prenons, révérence parler, notre cul pour nos chausses, — comme dit, sans se gêner, Michel Montaigne — et des facultés pour des maladies.

Oui, monsieur le curé, des facultés ! rien que ça ! excusez du peu ! reprit-il avec plus d’entrain qu’il n’en avait eu jusque-là, en voyant l’étonnement naïf dans lequel il jetait ce simple et doux prêtre. Il avait fini d’essuyer ce blanc visage immobile qui pleurait, comme dans Virgile les marbres pleurent, et il prit son chapeau sur la console. — Tenez ! — fit-il, en montrant Calixte du bout de sa cravache en cuir tressé, qu’il avait couchée sur son chapeau, — tenez ! Monsieur, cette stupeur, cet engourdissement, cette rigidité, cette mort apparente vous paraissent, n’est-il pas vrai, un état terrible et contre nature ?

Au Moyen Âge, il n’y avait que le Diable avec quoi on pût expliquer cela. C’est assez commode, le Diable, hé ! hé ! Eh bien ! si nous tenions ici le docteur Marmion, il vous expliquerait que sous cette torpeur, effrayante pour nous, simples mortels, mademoiselle Calixte vit d’une vie très particulière et très profonde et même qu’elle n’a jamais mieux vécu ! car elle