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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/135

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peut être capable de faire, en ce moment, des choses qu’elle ne ferait certes pas si elle était, par exemple, dans le même état de santé que vous et moi, et qu’elle pût manger ce soir une aile de poulet avec nous, et boire un verre de vieux Porto à la santé de monsieur son père, parti, — m’a-t-on conté — pour demander les étrivières à Notre-Seigneur de Coutances qui ne demandera pas mieux que de les lui donner !… Selon Marmion, monsieur le curé, mademoiselle Calixte, que voilà, pourrait être capable, malgré ses yeux fermés, de voir à des distances énormes, de traduire des langues qu’elle n’a jamais apprises, et de lire couramment dans les cœurs !

Et comme à ce dernier mot le curé avait fait un haut-le-corps, le docteur se crut obligé à le prendre par le bouton de sa soutane pour le fixer sous ce qu’il avait à lui dire encore :

— Têtebleu ! oui ! Elle le pourrait, vous dirait Marmion, mais à une condition pourtant, — reprit-il avec un rire clair, — c’est qu’il lui faudrait un peu d’aide ! Toutes ces belles choses que je vous apprends, monsieur le curé, la chère enfant ne pourrait pas les exécuter toute seule et par la seule opération de son esprit ! Non pas ! Il faut que quelqu’un s’ajoute à elle ! Voilà le joli et le sympathique de la chose !