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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/140

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là qu’elle s’arrête ! » — Eh ! pourquoi donc, — se disait intérieurement cet être de foi qui, sans effort, croyait au transmondain et à l’invisible comme on croit à l’air ambiant et à la lumière, — pourquoi cela ne serait-il pas vrai, ce qu’il vient de dire, cet homme frivole ?… Ne sommes-nous pas libres d’admettre ce qui n’est pas formellement condamné par l’Église ?… Or, en quoi les faits exceptionnels que je viens d’apprendre contredisent-ils la sainte autorité de nos dogmes et sont-ils un danger pour la foi ?… Le regard du théologien, noyé dans cette lumière de la bonté de Dieu, ne trouvait ni objection, ni nuage. Et la tentation devenait de plus en plus forte dans cette âme pure, pour qui elle n’était pas un péché, la tentation de faire parler Calixte et de savoir par elle la vérité sur le fond du cœur de son père !

Mais comment s’y prendre pour cela ?… Il était ignorant d’esprit et de complexion, il était faible, et le docteur avait parlé d’un être doué de facultés nerveuses puissantes qui aidât cette âme enveloppée dans des organes épais, mais pour elle diaphanes, en employant des moyens sur la nature desquels il ne s’était pas expliqué. Quels étaient ces moyens ?… Il résolvait d’aller pédestrement à Valognes, le lendemain, consulter le docteur Marmion, qu’il amènerait au Quesnay, et qui apaiserait sa soif