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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/227

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où se trouvaient alors, pour y passer quelques jours, monsieur de Lieusaint et Bernardine, cette insupportable Bernardine qu’il haïssait presque maintenant. Hâve de douleur et à moitié fou, il ne quittait plus le chevet de la malade. De son côté, l’abbé Méautis y revenait aussitôt que ses devoirs journaliers de curé étaient accomplis.

Frappés de l’attitude inerte des médecins, voyant que le délire continuait et que la malade pouvait mourir d’un instant à l’autre sans avoir repris connaissance, ils eurent tous deux la même pensée, qui était d’écrire à Sombreval. Néel lui apprit, dans une lettre courte et haletante, ce qui se passait au Quesnay, — et comme la poste de ce temps-là n’avait pas la rapidité de celle d’aujourd’hui, il fit monter à cheval son vieux Bellet et l’envoya par la traverse.

Mais le mal marcha plus vite au Quesnay que l’émissaire de Néel dans ces routes perdues… Le matin même que partit l’ancien postillon, le docteur Hérault avait constaté l’apparition de symptômes nouveaux, signes infaillibles d’une mort prochaine, — dit-il au curé. — Combien de temps encore la malade résisterait-elle ?… Il ne le savait pas, mais, selon lui, si une crise ne se déclarait pas toute-puissante, — de minute en minute l’épanchement au cerveau pouvait commencer !