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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/249

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dont personne, — personne au monde, — n’aurait voulu. Ah ! les chevaliers se reconnaissent toujours ! Il y avait de la chevalerie dans cet amour de Néel pour moi, fille de paysan et de prêtre. Seulement, si je l’avais valu, je l’aurais fui… Si j’avais été son égale de cœur, je lui aurais dit : « Ne revenez plus au Quesnay, Néel ! » Je ne l’ai pas fait, et c’est ma faute ! et je suis d’autant plus coupable que je savais qu’il était lié à une autre par sa parole et qu’il ne s’appartenait plus !

Les deux gentilshommes étaient conquis par cette noblesse dans laquelle il y avait plus beau que la noblesse même, puisqu’il y avait l’humilité !

— Et cette autre que j’ai offensée, fit Calixte après une seconde pause, c’est vous, mademoiselle Bernardine ! Je vous ai offensée sans le vouloir et en n’y pensant pas, mais ce n’en est pas moins une faute ! La légèreté de l’esprit n’excuse rien, et peut-être aggrave-t-elle nos torts. Ô vous que j’ai tant fait souffrir, pourrez-vous me pardonner les miens ? Ah ! voyez-moi à leur lumière ! Je ne veux pas les atténuer. Je ne veux pas vous paraître moins coupable que je le suis.

Non, je n’ignorais pas que vous étiez la fiancée de Néel. Je vous avais vue au Quesnay et j’avais bien deviné que vous l’aimiez, et que