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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/273

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l’aube, quand le ciel a commencé de blanchir, qu’elle est devenue moins distincte…

Nous entrions dans le creux du chemin qui passe le long du cimetière… Tout à coup, elle s’est interrompue d’aller et elle s’est assise sur la barre du grand échalier, comme si elle attendait que je l’eusse rejointe… Mais plus je marchais vers elle, moins je la voyais… Et je me suis dit : V’là le jour : elle ne pourra pas aller plus loin… Alors, elle a tendu son bras du côté du Quesnay dans l’espace, et sa face a pâli et a diminué comme la lune avait fait avant elle, et elle s’est évanie… Mais ce qui s’est évani d’elle, le dernier, c’est sa main qui montrait dans le vide le Quesnay.

À ce moment, j’ai ouï, de loin, chanter les coqs des fermes, et j’ai achevé ma route toute seule… J’n’ai rencontré âme qui vive, pas même dans la cour aux Herpin, et j’ai trouvé la porte du perron ouverte. Les gens à Sombreval sont venus à moi, mais ils m’ont laissée passer. Ils m’ont prise pour l’ensevelisseuse… Et c’est vrai ! Je viens pour l’ensevelir. Personne que moi, la vieille mère à Jean Sombreval, ne touchera à sa fille, puisque lui n’est pas là pour l’ensevelir de ses propres mains !

Néel, dans le dévorement de sa douleur, n’avait pas pensé à l’ensevelissement de la