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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/132

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avait une si grande idée de la maternité et du respect qu’une fille doit à sa mère !… Parce qu’elle lui apprenait aujourd’hui une chose que personne n’avait sue, — dont personne au monde ne s’était douté — et que le mariage avait si heureusement cachée, elle se dégradait comme mère, aux yeux de Lasthénie, et c’est pour cela qu’elle avait tant tardé à faire ce dégradant aveu !… Elle ne l’avait fait qu’à la dernière extrémité, mais elle en avait bien longtemps roulé en elle-même la pensée ! Quel effort n’avait-il pas fallu à son âme robuste pour se résoudre à cet aveu qui l’abaisserait dans l’âme de sa fille ? Mais enfin elle s’était domptée et elle l’avait fait.

Seulement ce fut en vain. Lasthénie n’en fut pas touchée. Elle écouta l’aveu de sa mère comme elle écoutait tout maintenant, sans répondre jamais, épuisée qu’elle était de courage et de négations inutiles. Aux reproches de madame de Ferjol, à ses impatiences, à ses objurgations, à ses colères, elle était aussi insensible qu’une bête morte ! Elle fut de même à cet aveu. Était-ce un parti