Aller au contenu

Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait-elle, — contre ma mère et ce qu’elle me dit de cruel ! » Mais cette affreuse espérance, elle ne l’avait plus ! Elle ne doutait plus ! L’enfant avait remué, et ce remuement dans ses entrailles lui avait remué, du même coup, quelque chose dans le cœur qui était, peut-être, l’amour maternel !

— Eh bien, parleras-tu maintenant, Lasthénie ? Rendras-tu à ta mère confiance pour confiance, aveu pour aveu ? — fit madame de Ferjol presque caressante. — Tu ne dois plus avoir peur à présent d’une mère qui fut un jour aussi faible et aussi coupable que toi, et qui peut te sauver, — ajouta-t-elle, — en te donnant celui que tu aimes ?…

Mais Lasthénie ne semblait pas entendre, même physiquement, la voix qui parlait. Elle était sourde. Elle était muette. Sa mère la regardait, aspirant la réponse qui ne sortait pas de ses lèvres blêmes.

— Voyons ! ma fillette, nomme-le-moi, — lui dit-elle, en prenant une de ses mains inertes, croyant l’entraîner doucement par cette main sur sa poitrine. Mouvement maternel qui, lui aussi, arrivait trop tard !