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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/175

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liée. Elle fut impitoyable pour cette mère adoucie. Elle garda dans sa blessure ce poignard qu’il est impossible d’en arracher quand on en a été frappé, — et qui s’y soude, et qu’on appelle le ressentiment. Après les jours forcés de sa convalescence, elle sortit du lit, mais à son visage défait, à sa langueur, à l’évanouissement de tout son être, on aurait très bien pu croire qu’elle aurait dû y rester, — et que son mal était incurable et mortel… Agathe, qui avait espéré, tout le temps qu’elle était restée au lit, en quelque crise, peut-être heureuse, qui sait ? voyant que le pays adoré, auquel elle attribuait la puissance de tous les miracles, ne pouvait rien sur « sa chérie », s’enfonçait un peu plus dans son immanente pensée que « le démon la tenait », et qu’elle était « une possédée », finit par demander à madame de Ferjol la permission d’aller en pèlerinage au tombeau du Bienheureux Thomas de Biville, et madame de Ferjol le lui accorda.

Agathe y alla donc, les pieds nus, avec la simplicité des pèlerins du Moyen Âge qu’on