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Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/176

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retrouve encore, malgré les progrès de l’incrédulité contemporaine, dans ce pays aux profondes coutumes… Elle rentra à Olonde, après quatre jours d’absence, mais elle y rentra sans espérance et plus triste que quand elle en était partie. Elle doutait maintenant du miracle qu’elle avait demandé avec une foi si robuste de certitude, car une chose — une chose surnaturelle et formidable — troublait dans son âme, perméable à toutes les influences et à toutes les traditions du milieu dans lequel elle avait vécu ses jeunes années, la sécurité de sa foi. Agathe avait la croyance religieuse de son pays, mais elle en avait aussi les superstitions. Une chose effrayante, dont elle avait entendu parler cent fois dans son enfance, elle venait de la voir de ses propres yeux, — de ses yeux de chair… et c’était pour elle, comme pour les paysans de ces contrées, le présage de mort, ce qu’elle avait vu !

Elle était alors dans les chemins d’Olonde, très attardée à cause de ces pieds nus, lassés, et sur lesquels elle revenait comme elle était partie, conformément au vœu qu’elle