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Page:Barbier - Les Contes d'Hoffmann, 1881.djvu/86

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Non, non, ce n’est pas là le bonheur, voix maudite !
Et contre mon orgueil, mon amour s’est armé !
La gloire ne vaut pas l’ombre heureuse où m’invite
La maison de mon bien-aimé !
MIRACLE.
Quelles amours sont donc les vôtres ?
Hoffmann te sacrifie à sa brutalité ;
Il n’aime en toi que ta beauté
Et pour lui, comme pour les autres.
Viendra bientôt le temps de l’infidélité !
Alors quelque femme nouvelle
Dans son cœur te remplacera ;
L’art seul alors te restera ;
Seul il console, et seul il est fidèle !

Il disparaît.

ANTONIA, se levant.
Non, ne me tente plus !… Va-t-en,
Démon !… Je ne veux plus t’entendre !
J’ai juré d’être à lui, mon bien-aimé m’attend !
Je ne m’appartiens plus et ne puis me reprendre !
Et tout à l’heure encor, sur son cœur adoré,
Quel éternel amour ne m’a-t-il pas juré !…
Ah ! qui me sauvera du démon, de moi-même ?…
Ma mère ! ô ma mère ! je l’aime !…

Elle va tomber en pleurant près du clavecin.

MIRACLE, reparaissant derrière Antonia.
Ta mère ?… Oses-tu l’invoquer ?
Ta mère ?… Mais n’est-ce pas elle
Qui parle et par ma voix, ingrate, te rappelle
La splendeur de son nom que tu veux abdiquer ?
C’est d’elle que tu tiens la vie,
D’elle ta voix et ton génie,
Et c’est sa gloire, enfin, à qui tu vas manquer !…

Le portrait s’éclaire et semble s’animer. C’est le fantôme de la mère qui apparaît à la place de la peinture.