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Page:Barbier - Les Contes d'Hoffmann, 1881.djvu/85

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Scène XII

ANTONIA, puis MIRACLE
ANTONIA, allant ouvrir une des portes latérales.

Voilà donc où devaient aboutir mes espérances !… Quel est ce secret qu’on ne veut pas me dire ?… Est-ce qu’on défend aux oiseaux de chanter ?…

De mon père aisément il s’est fait le complice !…
Allons ! Les pleurs sont superflus !
Je l’ai promis ; je ne chanterai plus !

Elle se laisse tomber sur le fauteuil

MIRACLE, surgissant tout à coup derrière elle et se penchant à son oreille.
Tu ne chanteras plus ? Sais-tu quel sacrifice
S’impose ta jeunesse, et l’as-tu mesuré ?
La grâce, la beauté, le talent, don sacré !
Tous ces biens que le ciel t’a livrés en partage
Faut-il les enfouir dans l’ombre d’un ménage ?
N’as-tu pas entendu dans un rêve orgueilleux,
Ainsi qu’une forêt par le vent balancée,
Ce doux frémissement de la foule pressée
Qui murmure ton nom et qui te suit des yeux ?…
Voilà l’ardente joie et la fête éternelle
Que tes vingt ans en fleur sont près d’abandonner
Pour les plaisirs bourgeois où l’on veut t’enchaîner
Et des marmots d’enfants qui te rendront moins belle !
ANTONIA, sans se retourner.
Ah ! quelle est cette voix qui me trouble l’esprit ?…
Est-ce l’enfer qui parle ou Dieu qui m’avertit ?…