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Page:Barrès - Les Déracinés.djvu/324

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LES DÉRACINÉS

guideront ? Ce n’est pas qu’on oublie, certes, la sublime épopée, si pathétique et si vraie, de Michelet, mais on sait bien qu’elle est d’une autre sorte.

« Qui nous fera comprendre le treizième siècle ? Au bout du travail si remarquable de M. Fustel de Coulanges, après qu’il a étudié l’apport des Germains dans le monde gallo-romain, nous devrions être à même de saisir cette merveilleuse poussée de la France débordant sur le monde. Il faut qu’on nous fasse voir comment dans le passé était contenu tout ce qui est notre pays ; que nous touchions ce qui s’est atrophié, ce qui s’est développé. Et, plus avant dans notre histoire, il faudrait aussi qu’on nous rendît compte du coude brusque de l’esprit français à la Renaissance. M. Taine nous donne une brillante formule de ce qu’il appelle « l’esprit classique ». Va donc pour l’esprit classique ! Mais il ne nous en a point fourni une analyse suffisante, puisqu’il n’a pu nous dire par où et comment cet esprit était apparu dans la nation.

« Pourquoi, dans quelles conditions et par quels éléments s’est transformée si gravement l’âme même de nos institutions, nulle étude n’importe davantage à la vie française. »

Rien qu’au son de cette voix, la Léontine à travers la cloison devrait être inquiète : il a lu son affaire avec bien de la gravité. Son fameux article sur Taine, c’était déjà lourd ; mais ceci, pour le lancement de la Vraie République transformée !… C’est un désastre, dans le premier numéro d’un journal, même à deux sous, de publier un tel article ! Mais c’est bien intéressant pour ceux qui suivent le développement de la Vraie République. Depuis que ce jeune homme a