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LE SYMBOLISME

celui-ci : ils hâteront peut-être le retour irrésistible aux croyances primitives et aux sentiments simples. »

13. Une conférence décadente, tenue le 20 octobre 1886, avec une incohérence d’ailleurs remarquable, servit de prétexte à M. Maxime Boucheron pour renouveler dans l’Écho de Paris [1] ces aimables aménités. Le chroniqueur relate qu’à cette conférence, faite à la salle de l’Ermitage, Louise Michel a parlé sur les écoles classiques, romantiques, naturalistes et décadentes. Cent cinquante personnes s’étaient laissées prendre aux séductions de l’affiche. C’était une petite assemblée de famille où fraternisaieut jeunes et vieux « mystificateurs des lettres ». Après avoir sans grande éloquence passé en revue les langues anciennes, modernes et futures, envisagées et analysées au point de vue de la question sociale, Louise Michel s’est assise en « annonçant un nouveau speech » pour la fin de la séance. Il y avait là quelques étudiants slaves « qui s’étaient fait pour la circonstance la tête du poète Jean Moréas, grand lama de la décadence ». L’un d’entre eux prend la parole et dans un langage panaché de roumain se fait « égayer » fortement. Parle ensuite le décadent Du Boda (?) qui fait de la musique de chambre et qui est l’ami des symbolistes. Protestations, cris d’animaux. Le décadent Dubus s’avise de vouloir tout éclaircir. Il recommande de ne pas prendre Baju pour un décadent sérieux. Baju « n’est qu’un exploiteur de la décadence ». Dubus déclare que le point de départ du symbolisme se trouve dans Correspondances de Baudelaire.

— Qu’est-ce que le symbolisme ? hurle un interrupteur.

— Voyez Larousse, répond le président.

Dubus poursuit son discours et démontre à l’assistance la réalité du symbolisme : « La preuve, s’écrie-t-il, qu’on peut exprimer une idée de son avec une image lumineuse, c’est

  1. N° du 22 octobre 1886. Louise Michel décadente.