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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/11

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Montréal, souvenir reconnaissant d’une cure dite merveilleuse ; au bas du portrait, — hommage symbolique, — on avait déposé une longue plume d’oie. Tout était propre et bien rangé ; le petit rideau flottant à la fenêtre entr’ouverte était d’une blancheur de neige.

De l’autre côté, une smalah d’enfants faisait un tapage assourdissant ; les chants de quelques-uns alternaient avec les criailleries de quelques autres, et dans les clameurs qui s’élevaient il était fortement question de souper.

Enfin, des pas pesants se font entendre dans l’escalier ; c’est le père qui monte, tenant sa petite fille dans ses bras. Une enfant de huit ans à peine et de taille plus petite que son âge ne pourrait le faire croire ; plutôt jolie, avec ses grands yeux bruns et sa bonne physionomie où se lisent la candeur et la simplicité. Une enfant, quoi ! Rien qui indique la duplicité ou une précocité trop marquée.

On nous fait passer dans un appartement plus spacieux, une chambre à coucher, qui sert en même temps, il est facile de le voir, de salle de consultation et d’opération. On y voit des plumes un peu partout, au pied du lit, sur le bureau de toilette, ici et là. Il doit s’en faire un débit énorme dans cette maison.

Je pris la main de l’enfant dans la mienne, une bonne petite main ronde et potelée, et lui demandai son âge, son nom, d’où lui venaient ces médailles suspendues à son cou. Une d’elles lui avait été donnée, répondit-elle, par M. le curé dans sa visite, l’autre, représentant Ste-Anne, avait été achetée au sanctuaire même de la grande thaumaturge. Elle répondait distraitement, comme un peu ennuyée, et je ne m’en étonne pas, quand je songe, au nombre de questions qui ont dû lui être posées par tant d’autres personnes.

Puis, tout à coup, d’un petit air docte, très grave :