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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/12

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— Qu’avez-vous ? dit-elle.

— Rien, me hâtai-je de dire. C’est mon amie, là, qu’il faut soigner.

Et donnant mon siège à Constance, j’allai m’asseoir près de la mère qui venait d’entrer dans la chambre. Pendant ce temps, la malade faisait, un peu à contrecœur, je l’avoue, le récit de ses maux. La petite Rose Délima s’emparant de la première plume qui s’offrit à sa main se mit à frotter la partie affectée, en disant du ton de quelqu’un qui récite une leçon :

— Faites une neuvaine à Ste-Anne et vous serez guérie.

— Tout de suite ? demanda Constance.

— Non, répliqua-t-elle, — manière de ne pas se compromettre, je suppose, — ça prendra un peu de temps.

— Occupez-vous pas, dit la mère, qui paraissait avoir de la foi pour tout le monde, ça va être vite fait. Y a des dames qui ont commencé à ressentir du soulagement, au bout d’une heure.

Pauvre femme ! fatiguée, harassée par ces longs jours d’ouvrage, au milieu de cette masse grouillante d’enfants tapageurs, elle était encore dérangée, à toute minute, par un flot de visiteurs et d’infirmes jusqu’à une heure avancée de la soirée.

Pendant que la petite était au plus fort de son œuvre de miracle, j’ouvrais un feu interrogatif du côté de la mère.

Comment s’était-on aperçu que l’enfant possédait ce prétendu don de guérison ?

C’est elle même, paraît-il, qui avait demandé de soigner un petit frère, — charity begins at home, — lequel s’était brûlé, un bon jour. Sous l’attouchement de ses doigts bienfaisants, la blessure s’était cicatrisée en quelques jours. Longtemps, on avait dérobé au public la science occulte de l’enfant, mais une voisine ayant été