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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/16

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dirait un appel suprême, comme si, aux approches de la nuit, quelque chose souffrait et gémissait dans le silence des ténèbres.

Qu’est-ce qui trouble ainsi les échos de la ville qui s’endort ? Ah ! ce sont les soupirs des morts, nos pauvres morts !

Chaque soir leur touchant appel va retentir au beffroi de Notre-Dame. Chaque soir, ils nous disent : vous que nous avons aimés, souvenez-vous !…

Nous souvenir ! mais, nos longs regrets, mais nos amitiés constantes sauront défendre à jamais de l’oubli, nos morts, nos pauvres morts !


Lundi, 16 novembre.

Un journal hebdomadaire, le Tit Bits a ouvert ses pages à un débat des plus intéressants et des plus intéressés aussi, puisqu’il me faut bien tout dire.

On a posé la question suivante : « Les maris sont-ils fiers de la toilette de leurs femmes ? » et chacun est invité à résoudre le problème contenu dans ce gros point d’interrogation.

Ce sont les femmes qui jaseront, je les connais. Les maris n’osant répondre, ni affirmativement, de peur d’être exploités, ni d’une manière négative, par crainte d’être scalpés, — du moins ce sera leur raisonnement, — garderont un silence prudent.

En revanche, leurs tendres moitiés vont assez éplucher, désosser, déchiqueter la question que, la discussion terminée, si jamais on en voit la fin, — le sujet étant si fécond — il ne restera rien à se mettre sous la dent.

Dieu sait tout ce qui va se dire à ce sujet, et s’il va y avoir des coups de griffes contre ces pauvres maris. Ce n’est point que je veuille prendre leur parti. Ma foi ! s’ils ont mérité le châtiment, le moins qu’ils puissent faire c’est de l’accepter humblement.