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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/20

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La Sainte Catherine n’est jamais au complet si l’on n’offre pas à la Sainte, en guise d’encens, l’odeur pénétrante du sirop en ébullition. C’est même de rigueur.

La neige aussi pourtant venait autrefois se mettre de la partie, et danser en gros tourbillons dans les grands champs, s’engouffrant dans les larges cheminées pour voir un peu ce qui se passait à l’intérieur de ces demeures, d’où s’échappaient de si bruyants éclats de rire.

Aujourd’hui où il faut sans cesse un programme nouveau, où l’on fait fi des meilleures traditions, on a changé tout, tout, jusqu’à la température.

Et la douce vierge ne secoue que rarement les petites étoiles blanches dont son manteau est parsemé. Qui sait ? Peut-être la mode est-elle aussi changée par delà les nuages et que l’on se fatigue aussi parfois de l’éternelle immutabilité des choses ?

Oui, j’aime la Sainte Catherine ! Ce qui me l’a fait aimer, tout d’abord, c’est que ce jour associait dans ma jeune intelligence, tout ce qu’il y avait de beau, de gai et de bon.

Plus tard, mais encore au temps des jupons courts, j’appréciais davantage les joyeuses réunions, les congés heureux que signalaient le retour du vingt-cinq novembre.

Je me souviens surtout, d’un air spécial composé tout exprès, croyions-nous, en l’honneur de la Sainte, qu’on appelait la «  Belle Catherine » et sur lequel on se met en danse comme pour Sir Roger de Coverley.

C’est un air vif, entraînant que je n’ai plus guère entendu après avoir laissé les bancs de l’école.

Nos chagrins d’alors ne résistaient pas à ce rythme joyeux ; dès les premières notes, nous accourions, souriantes et légères saisir en cadence le premier anneau de la chaîne et danser avec tout l’entrain que l’on y met à quinze ans.