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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/210

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Elle n’a jamais su pourquoi j’éclatai de rire à son nez, et, m’a trouvée, au contraire, très frivole.

Voyons, dites-moi, Françoise, que pensez-vous de mon histoire ?

— Tant et tant de choses que je ne saurais tout dire, ça ferait ma chronique trop longue…

— Votre chronique, s’écria-t-elle avec horreur, vous dites que vous allez…

— Et pourquoi pas ? Les noms n’y sont pas et la leçon est bonne. Celles que le bonnet coiffe en retireront la morale qu’il leur faut. Et, je couvre votre responsabilité en signant l’anecdote.


Lundi, 16 avril.

Il m’est arrivé un malheur.

Quand je dis : malheur, entendons-nous. Cela n’en est peut-être pas un, au fond, mais ça me met tout de même dans un fier embarras.

Je venais, ce matin, allègre et joyeuse, porter ma copie au journal, et l’idée d’en avoir fini pour toute une semaine, au moins, me donnait un surcroît de belle humeur.

Il ne faut pas croire que ce soit toujours une besogne agréable que d’écrire, surtout, comme cela, à moment fixe.

Un jour, la migraine, une contrariété, de petits soucis vous mettent martel en tête et chassent loin de vous toutes les idées ; vous remettez au lendemain, et, alors, c’est tout le contraire ; on a été à une fête, on s’y est bien amusé, et l’imagination en est si remplie qu’il n’y a pas moyen de penser à autre chose.

Que d’efforts pour ramener au logis cette pauvre folle qui s’emballe si facilement ! que de fermeté il vous faut déployer pour la fixer, cette rebelle, et la forcer à faire un travail auquel elle se refuse !