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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/237

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Et, pendant ce temps, le bateau descend le beau fleuve, plein de magnétiques effluves, les étoiles gardent leur sourire, la lune sereine et calme parle à l’âme son mystérieux langage…

Un soir à bord, c’est tout un poème !


Lundi, 10 septembre.

Imaginez-vous, pour passer vos vacances, — les plus douces qui soient au monde, — une maison retirée des foules trop bruyantes, bâtie en un endroit charmant, et si pittoresque que l’imagination la plus féconde n’en saurait inventer de pareil.

Là, dans cette thébaïde ravissante, plus d’efforts, plus de travail, rien qu’un repos parfait pour l’esprit, qu’un calme profond dans le cœur, et le délicieux plaisir de se sentir vivre entourée des attentions délicates d’une chaude amitié.

On dirait un beau rêve, une chimère irréalisable ; et pourtant ce rêve, je l’ai vécu, et la réalité a accomplit, tout ce que pouvait inventer la fiction.

Mes jours, toujours beaux, — soit que le soleil brille pur et clair dans la voûte azurée, soit qu’une pluie torrentielle tombe à travers la grisaille du ciel, — se sont écoulés fugitifs et rapides comme le songe d’une belle nuit d’été.

Avec quelle hâte, le matin, j’entr’ouvrais ma fenêtre pour y laisser entrer l’air frais du dehors. Avec quels délices mes yeux charmés contemplaient alors ces merveilles de la nature, ces paysages étonnants de sublimité et de hardiesse, étalés devant moi.

Pourtant, ils me sont tous familiers. Chaque pic qui monte dans la nue, chaque repli des vallées profondes, chaque méandre de la rivière, roulant ses eaux trans-