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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/64

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On passe devant une foule de jolies campagnes que je voyais pour la première fois, comme Laprairie, Beauharnois, etc.

C’est dans les environs de ce dernier endroit, je crois, que ma compagne de voyage m’a fait remarquer, dans les grands champs qui bordaient la route, de petites touffes d’herbes plus hautes, plus drues que le reste du gazon.

On n’a jamais pu, paraît-il, les faire disparaître et savez vous comment on les appelle ces obstinées ? Je vous le donnerais en cent que vous ne le devineriez pas. Eh bien on les appelle : «  des têtes de femmes » !

Comment trouvez-vous l’idée ?

Enfin nous arrivons. C’est joli, savez-vous, Valleyfield. Pas très bien bâti, par exemple, mais le site est magnifique.

Puis ce beau canal et cette baie magnifique rachèteraient bien d’autres défectuosités.

La gare est grande comme ma main, — laquelle n’est pas de dimension formidable, je vous prie de le croire. — Il y a une minuscule plate forme que l’on avait bordée pour la circonstance de branches de sapin qui fleuraient bon.

Je puis bien le dire, il y avait autant de monde aux alentours de la gare qu’à l’église. Il faut ajouter, cependant, qu’il y en avait déjà tant à l’église qu’il n’y restait plus de place.

C’était un gai coup d’œil. Partout des banderolles, des oriflammes, des drapeaux qui s’agitaient sous le souffle de la brise avec des claquements joyeux.

«  Tout n’était que festons, tout n’était qu’astragales. »

Ça et là, pendaient encore, accrochées aux arbres, des lanternes chinoises et vénitiennes, et les fenêtres avaient gardé les papiers de soie de toutes couleurs dont